mercredi 13 janvier 2010


Expert réputé dans la gestion industrielle, Bill Belt, directeur du cabinet de conseil, audit et de formation éponyme, a détecté plusieurs points noirs. L’ancien cadre d’IBM promène depuis plus de vingt cinq ans sa longue silhouette impossible à confondre dans un bon nombre d’usines de France et de Navarre. Voici ses conclusions.
« Le modèle de production ancien, adapté à une production de masse, ne correspond plus à la situation actuelle des entreprises. Grandes ou petites, elles sont, dans leur grande majorité, confrontées à la production en petite série. Il faut donc réinventer l’industrie. Facile à dire, difficile à faire. On s’est habitué en effet, depuis les années 1990 à gérer l’entreprise industrielle à l’aide de systèmes informatiques, de la regarder toujours avec « l’œil » de l’ordinateur.
Les progiciels de gestion intégrés (ERP), plus ou moins lourds, qui existent sur le marché sont évidemment nécessaires.Mais ils ne peuvent pas tout faire. Le savoir-faire indispensable pour analyse et gérer un processus industriel sans l’ordinateur, a quasiment disparu. Les coûts indirects (majoritaires) sont très mal connus et peu maîtrisés, car les systèmes comptables utilisés en Occident sont à peu près les mêmes qu’il y a cent ans. La seule analyse de coûts directs de fabrication d’un produit qui explique la vague de délocalisations de la production, est très pénalisante. En fait, l’objectif de l’entreprise est avant tout d’innover et de produire. C’est la condition sine qua non pour rester profitable, bien au-delà du sacrosaint principe « acheter moins cher ». Or, les entreprises ont mis la charrue avant les bœufs en fixant comme objectif premier le gain d’argent. A ce titre, la mise en place de la démarche « Lean » dans tous les départements de l’entreprise est essentielle pour recréer « l’œil » humain dans la gestion des processus industriels. Mais Lean n’est pas suffisante ; il faut aussi récupérer et gérer la demande client. D’où l’intérêt du PIC (Plan Industriel et Commercial), du PDP (Programme Directeur de Production) et de MRP-2 pour assurer les autres dimensions de la gestion industrielle, à savoir, la Direction et l’Anticipation. Surtout en période de crise... »

Propos recueillis par,
MIREL SCHERER pour Usine Nouvelle

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